Critique littéraire : Post-it par Pascale Wilhelmy

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Par Lewis Gagnon 

Dossier Famille

« Se brosser les dents. Un rose sur le miroir de la salle de bain. Barrer la porte. Celui-là est vert. Des Post-its. De toutes les couleurs. Pour ne rien oublier. Pour faire comme si. »

Auparavant une famille aimante et joyeuse, Simone, 15 ans, et Léo, 10 ans, se retrouvent seuls lorsque leur mère part en voyage en Indonésie pour se spécialiser en techniques de massage. Avec un père parti depuis les deux mois de Léo et une grand-mère pas fameuse, Simone se retrouve la grande responsable pendant ce temps. Sans retour précis, ça fait déjà plus de trois semaines que leur mère est partie. La seule supervision qu’ils ont est leur voisin d’en bas, Paul, qui passe de temps à autre pour savoir s’ils ont besoin de quoi que ce soit.

Critique littéraire : Post-it par Pascale Wilhelmy
Crédit: Libre Expression

Avec l’angoisse de telles responsabilités, Simone a de la difficulté à tenir son bout. Elle doit s’assurer que son jeune frère s’occupe bien de lui et fasse ses devoirs. Elle doit aussi s’occuper des tâches ménagères et payer les comptes. Avec un budget que sa mère leur a laissé, elle doit donc aussi s’assurer qu’ils ne dépensent pas trop et qu’ils ne manquent de rien, un poids assez lourd sur les épaules d’une jeune fille de 15 ans. Ils doivent surtout faire attention auprès des adultes, il ne faudrait pas que quelqu’un se rende compte qu’ils sont seuls depuis tout ce temps. Ils ne veulent surtout pas être séparés l’un de l’autre.

Léo commence lui aussi à avoir de la difficulté, après des semaines à étouffer son chagrin. Il fait de son mieux pour bien se tenir à l’école,  faire ses devoirs, afin que la directrice n’appelle pas à la maison. Un après-midi, il a suivi sa sœur jusqu’à son cours de danse par peur qu’elle ne prenne l’autobus et l’abandonne elle aussi. Avec qui irait-il si elle aussi partait ?

Du coup, les trois semaines deviennent quatre et puis cinq. Ça devient épuisant de faire comme si. Il ne faut surtout pas pleurer à l’école, les yeux d’un enfant qui a pleuré inquiètent. On ne peut pas parler de la situation avec ses amis ou des adultes par peur que quelque chose arrive. Entre le fait de courir partout, de ne pas dormir et les pratiques de ballet, Simone devient fatiguée. Mais surtout en raison de l’inquiétude : « Trente-neuf jours que maman est partie. Il lui est arrivé un accident grave, sinon c’est impossible. On n’abandonne pas son fils, sa fille si longtemps. » « Va chier, maman. »

Après avoir raté mon autocar pour retourner à Montréal avec une batterie faible dans mon téléphone, j’ai décidé d’aller chercher un livre à la pharmacie pour m’occuper. C’est le moment où je suis tombé sur Post-it qui a été pour moi une lecture surprenante ! Ce livre m’a fait découvrir un monde auquel je n’ai jamais porté attention, les enfants qui grandissent trop vite. J’ai trouvé la plume de Pascale très émotive et sincère. Elle nous transporte dans une situation, nous demandant ce qu’on aurait fait à la place de Simone, mais aussi de la mère et de Paul. Le livre ne manque pas de suspense, il nous tient sur la pointe des pieds. On devient attaché assez vite aux deux enfants qui, malgré eux, font de leur mieux pour survivre aux événements qui changeront à tout jamais le reste de leur vie.


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