Quand punir ne suffit pas 

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Par Colin McGregor | Dossier Milieu carcéral

« La justice réparatrice, c’est une justice qui ne met pas le focus sur le contrevenant. »

C’est avec ces mots du médiateur Luc Simard que commence le film Quand punir ne suffit pas : La justice réparatrice, un documentaire de la cinéaste chevronnée Pauline Voisard. Elle a passé trois ans à filmer cette œuvre, pendant la pandémie.

Tu ne regardes pas juste le contrevenant et le besoin de lui punir, mais aussi « les torts qu’il a causés… Et si tu veux regarder les torts qui ont été causés, à qui dois-t-on s’adresser? Dans un premier temps à la victime. »

La justice réparatrice est un processus qui encourage les personnes contrevenantes à assumer les conséquences de leur geste et à réparer les torts ou les dommages causés par un crime. La justice réparatrice peut être complémentaire ou elle peut être une alternative au système de justice traditionnelle.

Les types de réparation et les formes que peut prendre le processus varient selon la situation et les besoins des participants.

Dans le système fédéral canadien, une de ces démarches implique que le détenu fasse une demande au service correctionnel afin d’entamer une ou plusieurs sessions de médiation entre lui et sa victime.  

Ce n’est pas tous les délinquants qui sont acceptés dans la démarche. Parfois il y a des soucis pour la sécurité de la victime ou du délinquant ; parfois, sinon souvent, la victime ne veut pas être impliquée avec son agresseur. 

On rencontre Sabrina et Kevin (noms fictifs). Kevin est sentencié à vie pour le meurtre du père de Sabrina. Quand les personnes parlaient de justice réparatrice, Sabrina observe, « elles parlaient de pardon. Au départ je n’avais pas envie de pardonner. Ce que j’ai voulais vraiment obtenir c’est la vérité sur ce qui s’était passé. »

« J’ai compris » dit Kevin « qu’avec justice réparatrice je n’avais pas fait seulement une victime. Oui, une victime directe, mais aussi, plusieurs victimes indirectes. Au départ je voulais m’assurer que la rencontre… soit quelque chose de positif.  Ma crainte c’était… je ne veux pas m’asseoir devant une personne qui risque de me gifler ou me cracher dans le visage, de me faire crier après dans le but d’une démarche de vengeance. »   

Renée Laframboise du Service correctionnel du Canada explique dans le documentaire que la médiation est un service « Post sentence… la participation… ça ne peut pas avoir de conséquence sur la durée d’une peine de quelqu’un. Ç’a déjà été décidé auparavant. 90% des gens qui ont participé au programme une fois en mise de liberté n’ont pas récidivé. »

Sabrina a beaucoup hésité pendant des années avant d’entamer le programme avec Kevin. Trois ans après le début du processus, la rencontre entre Sabrina et Kevin a finalement eu lieu. Les efforts de Luc Simard étaient la clé. « Je ne suis pas là pour passer de l’information de l’un à l’autre, je veux mettre la table pour que les gens puissent échanger. »  

Les résultats de la médiation entre Sabrina et Kevin soulèvent beaucoup d’émotions de la part des deux participants. « Quand je l’ai vu, ça m’a fait un choc, » raconte Sabrina. Elle attendait quelqu’un qui dégage la méchanceté, mais « il ne me faisait pas peur. Je ne m’attendais pas à ça. »

« Pour moi, » elle continue, « Kevin c’était juste un meurtrier. C’était pas un homme, c’était pas un papa, c’était pas un ami… Quand je suis sortie de la rencontre, Kevin est devenu un homme, un ami, un mari, un chum, c’était un être humain à part entière. »

Quant à Kevin, il explique que « Ça m’a libéré de toutes ces années de noirceur que j’ai traînée avec moi. » 

La justice réparatrice prend plusieurs formes. 

Pour plus d’information : Consultez le site-web du Centre de services de justice réparatrice à csjr.org ou Équijustice à info@equijustice.ca 

Quand punir ne suffit pas est disponible sur ici.tou.tv


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Nouveautés littéraires

Vue de ma cellule, ma vie en prison par Colin McGregor

Quand punir ne suffit pas 

Une rencontre fortuite avec un détenu d’une prison fédérale a conduit Colin McGregor, diplômé en philosophie, journaliste condamné à perpétuité, à envoyer un court article improvisé à Raymond Viger, éditeur du magazine Reflet de Société.

C’était en 2009. Leur collaboration, aidée par les membres de l’équipe de Raymond à Reflet de Société, a donné naissance à des années d’articles de l’intérieur expliquant aux lecteurs ce qu’était la prison. 

Colin est sorti de prison en 2020 après plus de 29 ans derrière les barreaux. À partir de 2021, il a commencé à travailler à Reflet de SociétéVue de ma cellule est un recueil de ses écrits carcéraux. Des récits bruts. Souvent touchant, parfois instructif, jamais ennuyeux.

Une nouveauté des Éditions TNT disponible dans toutes bonnes librairies.

Vue de ma cellule, ma vie en prison par Colin McGregor

Autre Roman publié en anglais par Colin McGregor ; Teammates

Three teenage friends on a college rugby team in the shrinking community of English Montreal – three friends each facing wildly different fates. This is the story of Bill Putnam, whose downward trajectory we first begin to trace in the late 1970s, and his friends Rudy and Max.

Teammates, their paths will cross in ways they never dreamt of in the happier days of their youth.

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