Oumou Diakité | Dossier Politique et Graffiti
Montréal, 6 octobre 2025. – La ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal et députée de Pointe-aux-Trembles, Mme Chantal Rouleau, s’est rendue au Café Graffiti pour y annoncer une bonne nouvelle : un financement récurrent pour les organismes multisectoriels. Une aide essentielle pour cet organisme communautaire bien implanté dans l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, qui œuvre depuis plus de 30 ans auprès des jeunes marginalisés.
Ce financement découle du Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire 2022-2027, un programme majeur doté d’un budget global de 1,1 milliard de dollars sur cinq ans. Ce plan, le premier du genre depuis quinze ans, a pour ambition de mieux soutenir la mission globale des organismes communautaires à travers le Québec.
« C’est la première fois que le gouvernement axe un budget directement sur la mission des organismes, et non sur des projets ponctuels », souligne la ministre. « L’objectif est de leur donner les moyens de fonctionner sans devoir courir après des appels à projets pour survivre. »
Sur les 1,1 milliard de dollars, 8,8 millions sont spécifiquement dédiés au financement d’organismes dits multisectoriels, qui œuvrent dans plusieurs domaines à la fois — comme le Café Graffiti, à la fois lieu d’expression artistique, centre de formation et espace de réinsertion sociale.
Plus qu’un filet social, une fondation
Depuis 2018, le financement global des organismes communautaires a doublé, passant à 2,2 milliards de dollars. Pour Mme Rouleau, il s’agit d’un investissement structurant : « Avant, les courbes de financement étaient presque à zéro. Notre gouvernement a investi parce qu’il croit profondément à l’action communautaire. C’est le solage de notre société. Un filet de sécurité peut se déchirer, mais une fondation, elle, permet de bâtir. »

Le Plan d’action a permis la création d’un comité interministériel de concertation qui analyse les candidatures et détermine les organismes admissibles à un financement récurrent. À ce jour, 18 organismes multisectoriels ont été reconnus. Le Café Graffiti est l’un d’eux.
Le Café Graffiti, modèle d’inclusion
Le choix du Café Graffiti n’est pas un hasard. Pour Mme Rouleau, il s’agit d’un exemple de réussite sociale et communautaire : « Le Café Graffiti est bien implanté dans sa communauté. Il offre aux jeunes un lieu pour s’exprimer, développer leur autonomie et retrouver confiance. Vous permettez aussi l’accessibilité à l’emploi et la professionnalisation de jeunes souvent marginalisés. Je trouve ça bien. »
Ce financement permettra au Café d’assumer ses dépenses essentielles — salaires, loyer, taxes — tout en poursuivant sa mission première qui n’est autre que d’offrir un lieu de rassemblement, d’expression et de création pour les jeunes marginalisés du quartier issus des sous-cultures (hip-hop, breakdance, relève alternative) afin qu’ils puissent s’épanouir et développer des compétences professionnelles qui leur permettront d’accéder au marché du travail.
Miser sur la stabilité et la reconnaissance
Pour de nombreux organismes communautaires, la prévisibilité du financement demeure un enjeu crucial. La ministre reconnaît le défi, mais se veut rassurante : « Nous travaillons déjà à la suite du plan, au-delà de 2027. Notre objectif est d’assurer la stabilité et la reconnaissance du travail communautaire à long terme. »
En tant que ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau souhaite aussi renforcer le maillage social à Montréal, où les réalités de la précarité et de l’itinérance sont particulièrement visibles.
« Je vois ce qu’il se passe dans le Quartier des spectacles, le Village ou autour du parc Émilie-Gamelin », raconte-t-elle. « Nous avons mis en place, avec la Grande Bibliothèque et l’UQAM, un programme pour que des travailleurs sociaux soient présents en continu et puissent intervenir auprès des personnes en situation d’itinérance. »
Cette approche, qu’elle qualifie de “pont humain”, vise à réduire les tensions entre populations vulnérables et usagers des lieux publics, tout en favorisant la réinsertion sociale. « Pourquoi ne pas leur proposer un livre ? La lecture peut changer une vie », lance la ministre avec conviction.
Le poids des préjugés
Mme Rouleau a également évoqué un projet à venir intitulé « Le poids des préjugés », qui visera à sensibiliser la population à la stigmatisation entourant la pauvreté et l’aide sociale. Le projet prendra la forme d’un court-métrage participatif, diffusé sur les réseaux sociaux et dans certains commerces de la métropole. « L’idée est de redonner de la dignité et une utilité sociale à ceux qu’on marginalise trop souvent. »
Une vision sociale et économique
La ministre tient à rappeler que les investissements dans le social s’accompagnent d’une amélioration du niveau de vie général au Québec. « En deux mandats, nous avons relevé le niveau de richesse de la province. Le revenu moyen des Québécois dépasse maintenant celui de l’Ontario et du reste du Canada. »
Selon elle, ces progrès économiques permettent d’appuyer des politiques sociales plus ambitieuses. « Nous avons augmenté les salaires de certaines professions, particulièrement ceux des femmes. Tout cela démontre qu’on peut conjuguer prospérité économique et justice sociale. »
Bref, avec ce financement récurrent, le Café Graffiti entre dans un cercle restreint d’organismes communautaires désormais soutenus pour leur mission globale. Un pas de plus vers la reconnaissance du rôle essentiel que jouent ces acteurs dans la cohésion sociale du Québec.
