Par Keven Wong | Dossier Environnement
« Réduire l’impact des activités humaines sur la planète est l’un des défis les plus importants du moment. Les choix qu’on fait maintenant auront une incidence énorme sur la vie que nous serons capables de mener dans les décennies à venir, et sur celle que pourront mener les prochaines générations. » C’est l’introduction que propose le livre Vivre avec une seule planète, Guide pour diminuer son empreinte écologique au quotidien.
3.7, c’est le nombre de planètes dont nous aurions besoin si tout le monde vivait comme le Canadien moyen. En 2019, le Canada avait une empreinte écologique de 296 millions d’hectares globaux, contre celle de la Chine, en tête de classement, avec 5,1 milliards d’hectares.
Cependant, si nous appliquons ce calcul par habitant, le Canada monte en première place avec 7.9 hectares par habitant, comparativement à 3.5 hectares pour les Chinois. Selon William E. Rees, professeur à l’Université de la Colombie-Britannique, un habitant devrait idéalement avoir une empreinte écologique de 1.7 hectare. Le Canadien moyen consomme donc 3.7 fois plus que ce qu’il devrait.
Face à ces chiffres, l’écoanxiété peut apparaître. Que pouvons-nous faire au quotidien pour améliorer la situation planétaire ? Est-ce une cause perdue ? Par quoi commencer ?

Quotidiennement, nos choix déterminent, constituent notre empreinte écologique. Ses sphères principales sont la consommation, le logement, l’alimentation, le transport, la gestion des déchets et nos voyages et activités. Ce sont les catégories proposées par le livre Vivre avec une seule planète, plusieurs conseils sont inventoriés afin de réduire notre empreinte écologique. À l’aide d’étampes, l’auteur démontre ce qui est facilement applicable. Ces changements, en plus d’avoir d’importants impacts sur l’environnement et la santé, sont de véritables occasions d’économie.
Notons qu’opérer des changements dans nos habitudes de vie peut être difficile pour certains, que ceux-ci soient drastiques ou non.
L’idée n’est pas celle de vivre dans la privation, mais plutôt d’apporter des changements progressivement, jusqu’à ce qu’ils fassent partie intégrante de notre quotidien. Je vous en donnerai quelques exemples pour chacune des sphères évoquées plus haut.
Consommation
Notre rapport à la consommation n’a fait qu’accroître ces dernières décennies. Notamment à cause de l’apparition des réseaux sociaux, de la commercialisation en ligne, de la fast fashion et des influenceurs.
Entre 1998 et 2019, les dépenses annuelles de consommation courante des ménages canadiens sont passées de 36 450$ à 68 980$ !
Les problématiques majeures de notre consommation viendraient des objets et vêtements que nous achetons. L’achat en ligne influence et encourage à la consommation.
Rappelons-nous que souvent, les objets que nous achetons ne sont pas nécessaires. Nous avons l’option d’acheter ou de louer du matériel de seconde main. Aborder des habitudes de déconsommation réduirait notre émission personnelle, tout en nous permettant d’économiser.
Il existe notamment plusieurs groupes de partage à travers les régions du Québec. Le principe est simple, un partage de biens tels que des outils, des machines ou des objets. En outre, certaines bibliothèques du Québec proposent à la location du matériel technologique, des ressources et des outils. Vous pouvez aussi vous rendre dans un Fab Lab. C’est un réseau mondial d’atelier ouvert au public offrant une collection de ressources libres et variées (machines-outils pilotées par ordinateur, connaissances, personnes…) pour fabriquer ses propres objets.
Lorsque nous magasinons, il est important de songer à la qualité de l’objet. Acheter des objets durables permet de moins acheter à la longue.
Logement
Concernant nos habitations, la taille des maisons canadiennes est constituante de la problématique. Entre 1975 et 2010, la taille aurait presque doublé, passant de 1050 pi2 à 1950 pi2. Comme nous habitons dans de plus larges superficies, nous sommes portés à consommer plus pour combler ces espaces additionnels.
Il en va ainsi pour notre consommation d’électricité. Réduire notre consommation de chauffage et d’électricité peut en effet permettre de diminuer notre GES. Nous tourner vers des logements plus petits revient à réduire notre consommation d’hydro, comme notre “surconsommation” tout court.
Pour nos intérieurs, nous pouvons nous tourner vers des produits ménagers plus écologiques, soit certifiés d’une écoétiquette, soit faits maison ou en vrac. On peut remplir des bouteilles réutilisables avec des recettes maison (comme le propose la boutique et blogue Les Mauvaises herbes) ; sinon en achetant des capsules qui se dissolvent dans l’eau (comme Myni). Sinon en magasinant dans des magasins en vrac.
Alimentation
« Les aliments achetés chaque année par le Québécois moyen représentent 25% de son empreinte carbone annuelle.» « La base d’une alimentation plus écolo sont les suivants: 1- diminuer son gaspillage alimentaire, 2- manger plus de produits d’origine végétale, 3- sélectionner des produits locaux, 4- acheter des aliments moins emballés. Les aliments ne sont pas listés de façon aléatoire, ils sont dans l’important de ces habitudes. »
Le gaspillage alimentaire est crucial à surveiller. Peu importe les choix que nous faisons pour limiter notre émission de GES, si nous finissons par jeter nos produits, ils auront été vains.
On estime qu’au Canada, les ménages moyens gaspillent 140 kg de nourriture par an. Nous responsabiliser est donc très important. Il y a plein de recettes afin d’utiliser les “restes”, sinon la congélation reste une bonne option.
La consommation de produits végétaux est un sujet qui prédomine. En revanche, même au sein d’une alimentation carnivore, il serait bon d’être vigilant. Les sources de nourriture animale ne produisent pas toutes la même quantité de GES. Le bœuf est au haut de la pyramide avec 50 kg de GES par 100 grammes de protéines comparé au porc avec 7,6 kg et au poulet à 5,7 kg. Simplement en changeant son bœuf haché par du porc haché ou ses lanières de bœuf pour du poulet, nous réduisons grandement votre empreinte de GES.
Les produits végétaux figurent sans surprise à la fin de cette liste. Pour nourrir le bétail, il faut une quantité importante de denrées végétales. En se nourrissant de végétaux, on saute une étape très polluante de la production carnivore, et on économise.
La consommation locale tient à elle seule beaucoup de bienfaits. Manger local permet de réduire le GES émis par le transport. En revanche, il faut bien tenir compte des produits saisonniers. Consommer des tomates du Québec en période hivernale pourrait s’avérer pire que d’acheter le produit mexicain. Plusieurs serres qui servent en période hivernale au Québec sont chauffées à l’aide de gaz naturel. L’utilisation de cette source d’énergie est plus dommageable que de faire voyager sa tomate de 3000 km.
Transport
« Le secteur qui produit le plus d’émissions de GES au Québec est sans surprise celui des transports: en 2019, il totalisait 43% des émissions». « Le nombre d’automobiles et de camions légers s’élèverait à 4 936 202 en 2020 selon la SAAQ. C’est une augmentation de 14,5% par rapport à 2010». Par ailleurs, le nombre de camions légers (VUS, fourgonnette et pick-up) a augmenté de 112% depuis 2010.
L’idée de réduire son empreinte écologique dans le secteur des transports se définit à plusieurs niveaux. La priorité serait de prioriser les déplacements à pied et en vélo, puisqu’il n’émet pas de GES, qu’il est économe et bon pour la santé. Par la suite, ça serait de promouvoir les systèmes de partage tels que les autobus, le métro, le covoiturage ou l’autopartage.
Le choix du véhicule est important. Les véhicules électriques sont la meilleure option d’un point de vue environnemental, mais leur coût peut en décourager quelques-uns. Opter pour une voiture hybride peut être une bonne alternative. Pour les véhicules à essence, plus ils sont petits, moins ils consomment. Opter pour une voiture compacte est toujours une meilleure solution qu’un gros SUV. Il est toujours bon de revoir ses besoins avant de faire l’achat d’un véhicule.
Gestion des déchets
« 385 kg – c’est le poids moyen de déchets que chaque Québécois a généré à la maison en 2018 et qui ont pris le chemin du dépotoir. Le pire bilan de l’ensemble des provinces ! » Le recyclage et le compostage sont des services municipaux offerts qui sont bons à intégrer afin de réduire notre émission de GES. Mais avant tout, réduire sa consommation reste efficace et bénéfique. Ce que nous n’achetons pas, nous ne le jetterons pas.
Recycler ne consiste pas à mettre n’importe quoi dans son bac de recyclage. Il faut s’informer de ce qui va dans le bac. Le papier et le carton sont les matériaux les plus réutilisables au Québec. Le verre est réutilisé dans les sites d’enfouissement ou pour des chemins d’accès. Il est aisé de réutiliser ses contenants en verre au lieu d’acheter des pots Mason. Il existe 120 sites de dépôt de l’Opération Verre-Vert qui sert à mieux recycler votre verre. Quant à l’aluminium, il se recycle bien, comme les canettes que vous rapportez dans vos épiceries.
Ça se complique pour le plastique. En résumé, le plastique dur est recyclable s’ il porte les numéros 1, 2, 3, 4, 5 ou 7. Le numéro 6 n’est pas recyclable au Québec. Le plastique mou (sac et emballage) est recyclable s’il peut s’étirer. Les sacs à pain sont un bon exemple, par contre les sacs de biscuit ou sac de chips ne le sont pas, donc ils ne sont pas recyclables. Pour aider la collecte, on vous recommande de faire un « sac de sacs » et de faire un nœud quand il est plein. Il est aussi recommandé de séparer ses éléments de matériaux différents, comme le couvert en métal sur un contenant de verre.
Concernant le lavage des contenants, il faut surtout les vider. « La plupart des matières sont triées par des machines et non des humains, et les petits résidus disparaîtront lors du traitement.» Rincer rapidement peut quand même réduire l’odeur de notre bac et être plus respectueux pour les employés de collecte.
Le compostage a plusieurs bienfaits pour l’environnement. Lors de la décomposition (permise par le compostage), les aliments sont au contact d’oxygène. Ils émettent donc des vapeurs d’eau et du CO2.
En revanche, lorsque nous les jetons à la poubelle, ils atterrissent finalement dans des sites d’enfouissement où ils sont privés d’oxygène. Ce processus-là émet du méthane, un GES qui est 25 à 80 fois plus polluant que le CO2. De plus, le compost sert à enrichir les sols, donc réduit l’utilisation d’engrais chimique. Il sert aussi à libérer de l’espace dans les sites d’enfouissement.
Le compostage est disponible dans plus de 660 municipalités à travers le Québec. Si la vôtre n’a pas accès à celle-ci, le gouvernement a annoncé en 2020 son intention de doter tous les foyers du Québec d’un bac brun d’ici 2025. Il est toujours possible d’en faire un chez soi, si nous avons l’espace et la volonté. Comme pour le recyclage, il est important de s’informer de ce qui va dans votre bac brun. Chaque municipalité peut avoir des demandes particulières. Informez-vous auprès de la vôtre afin de bien composter.
Il est important aussi de gérer ses rejets d’eau. La toilette ne devrait recevoir que les excréments humains et du papier toilette. C’est tout! Les éviers, que de l’eau de vaisselle, et le moins de particules solides possible. Le reste doit aller soit à la poubelle, soit au compost.
Voyages et activités
L’approche écologique concernant les activités et les voyages est assez difficile puisqu’elle est reliée au plaisir. « Il n’est facile pour personne de se dire qu’on devrait voyager moins. Le voyage est quelque chose d’extrêmement valorisé. On veut se faire plaisir, on le choisit, on l’attend, on investit du temps pour le préparer, on aime le faire… c’est un moment gratifiant. »
Le tourisme représente 8% des émissions mondiales chaque année, et elle devrait augmenter à 10% d’ici 2030.Sans surprise, voyager en avion génère énormément de GES. Suivant le principe que nous devrions utiliser seulement 2 tonnes de GES par habitant par année, un aller-retour Montréal-Paris consisterait à 86,5 % de notre budget annuel.
En plus de l’avion, le tourisme émet beaucoup de déchets. Le désir de voyage s’intensifie tellement que certaines attractions commencent à faire payer leurs visiteurs pour réduire le surtourisme. C’est le cas de Venise, elle exige une taxe de 5 euros pour entrée sur les lieux. La taxe est seulement pour les visiteurs qui ne dorment pas sur place. Présentement, elle est en période de test, mais devrait être en vigueur à partir de 2025.
Il existe plusieurs activités qui permettent de réduire notre empreinte écologique. Ceux qui prônent le partage sont les meilleurs. Par exemple, certains centres de sport prêtent du matériel pour des activités telles que le ski ou la raquette. Dans le même principe, vous avez les pubs ludiques, le cinéma, les musées, les spectacles et les randonnées en nature.
Un pas à la fois
« À ce stade-ci de votre lecture, il y a fort à parier que vous avez vécu quelques moments de découragement ou même de frustration. » Vous avez peut-être pensé que vos actions individuelles ne feraient pas grand-chose. Si 1000 personnes lisant ce texte réussissent à réduire leur consommation de GES de seulement 2 tonnes, nous aurons réussi ensemble à enlever 2000 tonnes de GES sur le Québec. Grâce à de petits changements au quotidien, nous arrivons à améliorer la situation.
Les entreprises et les ultrariches ont beaucoup plus de travail à faire que nous ! Mais en donnant l’exemple, en nous renseignant, en sensibilisant notre entourage et en votant pour un gouvernement porté vers l’environnement, nous pouvons et pourrons reprendre en main une partie du problème. Les Canadiens sont au sommet de la pyramide de la pollution par habitant selon les chiffres énumérés au début de l’article. Il est temps de montrer au reste du monde que nous pouvons nous améliorer !
Vivre avec une seule planète, Guide pour diminuer son empreinte écologique au quotidien, m’a fait réaliser plusieurs choses sur mon quotidien. J’ai commencé à venir au bureau en vélo grâce à Bixi, ce qui me prend la moitié du temps qu’en transport en plus de faire de l’exercice. Et vous êtes vous prêt à changer la situation climatique, une action à la fois ?
Autres texte sur Environnement
- Les débuts de l’automobile
- Le nucléaire : monstre ou sauveur ?
- Environnement et santé : Des outils numériques pour faire de bons choix
- Les poissons ne dorment pas ?