La démocratie… une utopie?

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Par Raymond Viger | Dossier Politique et Autochtone

On peut penser que le Canada et le Québec sont des endroits où l’exercice de la démocratie se fait dans les règles de l’art. Il est vrai que nous sommes possiblement mieux que dans plusieurs États où des gouvernements totalitaires règnent impunément en maître absolu. 

Cependant, les Inuits nous montrent une réalité tout à fait différente.

Les Inuits ont une histoire différente de celles des Indiens. Le Nunatsiavut (Nord du Labrador), le Nunavik (nord du Québec), le Nunavut (nord du Canada) et la région des Inuvialuits (Territoires du Nord-Ouest) sont les terres traditionnelles des Inuits au Canada. Ensemble, ces terres sont appelées lnuit Nunangat. Ces régions représentent près du tiers de l’ensemble des terres du Canada et 50 % de son littoral. 

La majorité des Inuits ont habité dans de petites communautés très unies. De tout temps, ils utilisaient les ressources de la terre et de la mer pour subvenir à leurs besoins. Leurs valeurs sont fondées sur la coopération et le respect. 

Les décisions étaient habituellement prises par un accord généralisé ou de la majorité. Depuis que les assemblées législatives du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest ont été reconnues par le Canada en 1950, les élus réussissent à maintenir une gouvernance de consensus. Cela signifie que les députés ne représentent pas de partis politiques et qu’ils travaillent en étroite collaboration afin d’adopter des lois et de gouverner ensemble leur territoire.

Lors de la fondation du Canada en 1867, les terres Inuits ne faisaient pas partie du pays. Aucun traité n’avait été négocié avec eux. Les Inuits n’étaient pas mentionnés dans la Loi sur les Indiens. Lorsque les frontières du Canada ont été étendues au territoire où habitaient les Inuits, la relation entre les Inuits et les gouvernements n’était pas claire à plusieurs égards. Notamment, les Inuits avaient-ils le droit de vote aux élections fédérales?

Leurs interactions avec le gouvernement fédéral étaient limitées, et aucun service électoral ne leur était offert. Les Inuits ont continué à vivre et à se gouverner de façon traditionnelle. 

En 1934, la législation électorale fédérale a été modifiée pour empêcher les Inuits de voter. Les Inuits étaient une responsabilité fédérale comme les Premières Nations. Puisque les membres des Premières Nations n’avaient pas le droit de vote, les Inuits n’avaient pas plus la possibilité de voter ni même de se faire reconnaître comme un peuple autonome.

En raison de ses ressources naturelles et de la question de la souveraineté dans l’Arctique, après la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement fédéral a commencé à changer sa vision du Nord et à s’intéresser aux Inuits. Afin d’offrir de meilleurs services aux Inuits, le gouvernement fédéral a créé un réseau de centres de services dans le Nord et a installé les Inuits à proximité. D’un peuple nomade, ils ont été contraints à devenir un peuple sédentaire.

En 1950, le Parlement a décidé que les Inuits formaient un peuple distinct des Premières Nations. Ils ont alors obtenu le droit de vote aux élections fédérales. Le comité parlementaire a déclaré que les Inuits devraient avoir le « privilège de voter » puisque, contrairement aux Premières Nations, ils n’étaient pas exemptés de payer des impôts et des taxes. Les Inuits ont donc eu le droit de vote une décennie avant les Premières Nations. Ce n’est cependant qu’en 1962 que toutes les communautés ont eu accès à des services de vote. Quelques-uns ont pu exercer leur droit de voter mais un grand nombre n’a pas eu un accès réel pour exercer leur citoyenneté canadienne !

Le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest fonctionnent sans parti politique. Tous les députés sont indépendants. Ces élus décident entre eux qui assumera certaines tâches et fonctions. C’est la période du Forum du leadership. Ça ressemble à la gestion et à la gouvernance d’un organisme communautaire !

De plus, au lieu de se retrouver en chambre face à face comme s’ils étaient à la guerre, ils siègent en cercle.

Quand un sujet nécessite un vote, les élus peuvent le faire selon leur âme et conscience. Il n’y a pas d’opposition officielle. Les députés sont des élus libres de s’exprimer en tenant compte de l’intérêt des personnes qu’ils représentent.

Et si la démocratie inuite était un exemple à suivre!


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Raymond Viger
Raymond Vigerhttps://raymondviger.wordpress.com/
Raymond Viger. Rédacteur en chef du magazine d'information et de sensibilisation Reflet de Société, édité par le groupe communautaire Le Journal de la Rue. Écrivain, journaliste et intervenant. raymondviger.wordpress.com www.refletdesociete.com www.cafegraffiti.net www.editionstnt.com www.survivre.social Courriel: raymondviger@hotmail.com

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