La femme à travers le temps

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Par Raymond Viger | Dossier Politique

Le dictionnaire est un imposant livre de la langue française, un grand traité philosophique. C’est à partir de la définition même d’un mot que l’on peut méditer sur son sens et l’utiliser avec confiance dans un contexte cohérent. C’est en connaissant une définition juste et précise que nous pouvons la faire vibrer de tous ses éclats.

Le « Nouveau Petit Larousse de 1968 », définit l’amour comme un « Sentiment passionné pour une personne de l’autre sexe. »

« Le Petit Larousse illustré de 1982 » décrit l’amour ainsi : « Élan physique ou sentimental qui porte un être humain vers un autre ».

Si nous consultons « Le petit Larousse illustré 1996 » nous pouvons y lire : « Sentiment très intense, attachement englobant la tendresse et l’attirance physique entre deux personnes. »

En 1968, l’amour homosexuel n’était pas acceptable ! 

En 1982, il existe deux types d’amour, soit physique, soit sentimental. 

En 1996 l’amour doit englober les deux en même temps !

Trois dictionnaires, trois époques, trois définitions différentes ! Surprenant de constater que les définitions puissent ainsi changer dans le temps.

Ce qui représente aujourd’hui une « norme sociale » ne le sera possiblement plus demain. La notion de ce qui peut être « correct » ou « pas correct » est donc tout aussi relative que le temps.

Pourquoi essayer de définir ses valeurs, ses principes en fonction d’une théorique norme sociale, si celle-ci, de toute façon, valse dans le temps, comme le caméléon peut changer de couleur ?

Si on se fait pointer du doigt parce que nous ne vivons pas selon les normales sociales, nous sommes peut-être tout simplement une dizaine d’années en avance sur notre temps ?

En acceptant d’exprimer ce que nous sommes et ce que nous ressentons aujourd’hui, nous participons, à notre manière, à écrire les futures pages du dictionnaire et à amorcer un changement social.

Ce n’est pas parce que c’est écrit dans le dictionnaire que c’est vrai. Et si ce n’est pas écrit, ça ne veut pas dire que ce n’est pas vrai. C’est notre devoir de remettre en question les idées préconçues.

Mon nom est personne

N’oublions pas que ce n’est qu’en 1929 que la femme est incluse dans la définition de PERSONNE. Les femmes étaient considérées comme des êtres inférieurs. Elles ne pouvaient donc pas prendre pleinement part à la vie politique ou aux affaires de l’état canadien. C’est à partir de cet instant mémorable que les femmes ont pu commencer à prendre leur place au Sénat.

Le 18 octobre 1929, la décision annoncée par Lord Sankey, grand chancelier de Grande-Bretagne: 

« L’exclusion des femmes de toute charge publique est un vestige d’une époque plus barbare. Aux personnes qui se demandent si le mot “personne” doit comprendre les femmes, la réponse est évidente, pourquoi pas ? »

Le droit de vote pour les Québécoises a été obtenu en 1940. Mais il faudra attendre encore 20 ans, soit en 1960 pour que les femmes Autochtones vivant au Canada puissent jouir du même droit fondamental. Non seulement l’homme ne considérait pas la femme comme son égal, mais en plus, il y avait différentes « catégories » de femmes.

Ce n’est qu’en 1964 qu’est aboli au Québec le devoir d’obéissance de la femme à son mari. La femme mariée a dès lors le droit d’administrer et de disposer de ses propres biens. Pour la première fois, les épouses peuvent légalement ouvrir un compte bancaire. Imaginez ! Cette même année où les filles de ma classe et moi ouvrions nos premiers comptes d’épargne à la caisse scolaire. 

Malgré tout, les banques ont continué d’exiger la signature du mari pour accorder un prêt à une femme. Ce n’est qu’en 1975 que cela deviendra possible pour une femme d’être autonome financièrement. La même année que la Charte québécoise des droits et libertés de la personne reconnaît officiellement l’égalité entre les conjoints. Pour un autochtone, il faut attendre 10 ans de plus puisque, jusqu’en 1985, il devait renoncer à son identité indienne pour devenir citoyen et sortir de son statut d’enfant mineur. Cela signifiait l’assimilation.

Depuis 1981 au Québec, la femme peut et doit conserver son nom. Elle cesse de perdre son identité en se mariant. Encore une fois, pour une femme autochtone, elle devra attendre en 1985 pour ne pas perdre son statut en mariant un non-indien.

En 1988 l’avortement est décriminalisé au Canada.

En 1989 le Code civil confirme un partage égal du patrimoine familial lors d’un divorce.

Dans un document La perception de l’accès au financement chez les femmes entrepreneurs publié par le gouvernement du Québec en 2000, on rapportait que les femmes avaient encore plus de difficultés que les hommes à trouver du financement pour se lancer en affaires.

Combat de tous les jours

Que ce soit le combat des femmes, tout comme celui de la communauté LGBTQ+, de la préservation de la langue française, de la protection de l’environnement et bien d’autres… Il ne faudrait pas que les jeunes générations pensent que nous sommes arrivés à une société juste et équitable.

Il existe encore des hommes qui tentent de faire reculer les droits et libertés de leur propre femme, de leurs enfants. En peu de temps, un gouvernement a le pouvoir de nous ramener à l’âge de pierre.

Demeurons vigilants et continuons le combat, enseignons à nos jeunes d’où l’on vient, pour éviter de nous rendre n’importe où.


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Raymond Viger
Raymond Vigerhttps://raymondviger.wordpress.com/
Raymond Viger. Rédacteur en chef du magazine d'information et de sensibilisation Reflet de Société, édité par le groupe communautaire Le Journal de la Rue. Écrivain, journaliste et intervenant. raymondviger.wordpress.com www.refletdesociete.com www.cafegraffiti.net www.editionstnt.com www.survivre.social Courriel: raymondviger@hotmail.com

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