Un texte de MJ Falardeau | Dossier Culture
Viens-tu prendre une marche avec moi?
On va aller se promener dans la marge
Voir ce qui déborde de l’idée générale
Parcourir les rives du message central
Explorer un point de vue latéral
Viens! On va aller faire des sauts de pages
Bondir sur d’autres passages
Atterrir hors champs lexical
Et défricher des sentiers
Où cultiver nos idéaux sauvages
Viens! On se cachera hors contexte
On s’effacera de l’index
On défiera les statistiques mises en annexe
On s’introduira par effraction dans le glossaire
Question de bousculer le lexique
On le soumettra à des exercices de vocabulaire
À une réforme des définitions
À une mise en forme du caractère ingras de certaines expressions
Viens avec moi dans la marge
Donner du style à l’en-tête
On fera peut-être les grands titres
Toi et moi, complices
D’être deux syllabes en cavales
Recherchés par la police d’écriture
Pour avoir transgresser les règles grammaticales
On subira peut-être l’auto-correcteur
Comme si c’était une erreur de mélanger des accents
Grave !
De faire participer le passé aux changements
D’accepter que les singuliers soient au pluriel
Et qu’on s’accorde en grand nombre, à l’inconditionnel
Viens! Je te sors!
On va aller jouer dehors
Sortir du cadre
S’offrir une vision panoramique du cliché
Où comme des touristes
On se sentira étrangers
Viens! On va passer par un autre chemin
En périphérie de la mise en page
On va s’échouer sur des plages
Se donner bonne mine dans la marge
Où mine de rien
On dessinera nos traits
Dans un coin vide de la page
On sera libres de crayonner l’ennui
De gribouillis abstraits
Et de faire sourire le papier
De petits bonhommes simplets
Suis-moi dans la marge
Je vais te présenter l’entourage
C’est une édition originale
Des caractères qui s’accordent mal avec la syntaxe sociétale
Qui jonglent avec des figures de style marginales
Pour annoter le monde à leur image
Viens versifier des notes de bas de page
Offrir des vers à qui ose regarder en marge
On se saoulera d’une source complémentaire à l’ouvrage
De petites notes acidulées pour piquer le goût du langage
Et comme des bohèmes
On s’ancrera dans la marge
Pour observer le paysage
Et voir qu’en bout de ligne
On est tous sur la même page
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