Colin McGregor | Dossier Rap, Hip-Hop
À 36 ans, Dali Dalma a beaucoup mûri. Ce rappeur et organisateur d’événements est un vieux routier de la scène musicale québécoise. Un vétéran du Café Graffiti qui a appris, grandi, et acquis de la sagesse.
De son vrai nom Dali Girard, il a comme noms de scène Dali quand il rappe, et DaliDalma lorsqu’il est DJ. Grâce à son père, son engouement pour la musique électronique s’est développé.
Dans sa jeunesse, ce dernier l’a amené au Rainbow Gathering de 1995. Un rassemblement qui a lieu dans la forêt, l’été. Pas d’électricité, pas d’alcool, de la bouffe végétarienne et beaucoup de peace and love… De plus, il a amené le jeune Dali à des concerts de musique électronique. « Mon père, à 71 ans, va encore à des événements de musique électronique. »
Il s’est impliqué sur la scène rap en tant qu’organisateur d’événements, rappeur et animateur à la radio. Il a enregistré plusieurs albums.
Graduellement, son engouement pour la musique électronique a pris de l’essor. Il a créé Tranceparence Productions ainsi qu’un label de disque, du même nom. Au total, il a organisé 40 événements et deux festivals.
Un bleuet mûr
Durant la pandémie, Dali se trouvait dans une période de réflexion. Il a finalement pris la décision de se réorganiser afin de prioriser son implication dans le rap.
La musique électronique devient une activité secondaire. « Le rap, explique-t-il, est maintenant reconnu au Québec. Les concerts attirent de grandes foules. »
Désormais, il se professionnalise. Il suit un cours sur l’industrie du spectacle. « L’école m’aide à chercher des subventions, à contacter des médias, à monter un plan d’affaires. Tout cela dans le but de créer mon entreprise de rap québécois. »
Il a organisé des spectacles de rap dans sa région natale à Chicoutimi. Le rap est très populaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il est même ouvert à y déménager, pour devenir un ambassadeur de la région à travers le Québec.
« J’ai appris à me connaître davantage », dit-il. « J’ai vécu plusieurs expériences, autant difficiles que positives, qui m’ont permis de gagner une meilleure confiance en moi. Je me sens mieux, plus aligné. »
Son conseil aux jeunes ? « Mettez-vous en action. Embarquez dans plusieurs expériences différentes. »
Noms de scène
DJ DaliDalma a plusieurs sens. Ça ressemble au Dalaï-Lama, le leader bouddhiste qui influence beaucoup les hippies. De plus, il est de la ville d’Alma. Enfin, alma est le mot espagnol pour « âme ». Une âme qui a profité des efforts de Dali pour sortir de sa zone de confort et explorer d’autres genres, d’autres mondes musicaux. « Je ne suis pas 100 % hippie, mais ça reste une partie de ma philosophie. »
« J’aime les mantras, les chants spirituels », explique-t-il. « C’est l’état de trance psychédélique qu’on recherche en dansant sur la musique. C’est le même état qu’avec certaines drogues, mais par des chemins différents. »
Parfois, il faut avoir vécu des hauts et des bas dans la vie pour s’assagir.
La sobriété
Avec sa nouvelle orientation professionnelle, cap sur la sobriété pour Dali Dalma. Dans le monde de la musique électronique, la consommation est répandue.
« J’ai beaucoup d’amis qui sont morts », dit-il. « Des connaissances aussi. Je vois que c’est dangereux. »
« J’ai consommé dans une quête de guérison, dans un but de croissance personnelle. Mais je n’y ai rencontré que l’effort et de grands sacrifices. »
L’équilibre est fragile : « Ne pas consommer, c’est moins de risques. J’ai choisi le chemin de la sobriété, ce qui ne m’empêche pas de sortir au sein d’événements de musique électronique ou de spectacles, même s’il y a de la consommation. Quand je consommais, je réduisais mes chances de réussir. La sobriété me donne une image plus professionnelle ».
Sa médecin, la Dre Marie-Eve Morin, travaille dans des festivals de musique électronique. Une médecin de famille, qui pratique des interventions médicales sur place, effectue des analyses de substances et distribue du matériel stérile aux festivaliers. Elle est également DJ ! Sous son nom d’artiste, Lady KAM, elle est très respectée dans son milieu.
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