Mister Big : un outil contre les relations toxiques

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Un texte d’Ariana Noera

India Desjardins n’a plus besoin de présentation : c’est une écrivaine qui touche tous les âges et tous les genres. Aurélie Laflamme demeure son plus grand succès. La protagoniste est devenue une véritable héroïne littéraire québécoise. Mais India n’est pas seulement Aurélie.

C’est une écrivaine engagée dans la protection animale et dans le féminisme militant. Mister Big ou la glorification des amours toxiques et Les baleines et nous sont deux livres sortis en 2021. Ils traitent des sujets pour lesquels India a une prédilection : la violence psychologique envers les femmes et la protection de la faune marine.

Mister Big: la naissance de l’idée

Le livre Mister Big est un essai au goût de thèse académique. À travers ses 160 pages, le livre est capable de nous amener dans les pensées d’India. Elle critique, jamais méchamment, l’imaginaire cinématographique et télévisé proposé aux jeunes. Prenant l’exemple de Carrie Bradshaw, protagoniste de la série Sex and the City, et de ses patterns amoureux, l’écrivaine nous fait découvrir une nouvelle façon de regarder un téléroman, avec un œil plus attentif aux possibles enjeux sociaux qui se présentent aux spectateur.trice.s.

L’écriture de cet essai a été faite sur la base d’une série de considérations que l’autrice a conçues avant même la sortie d’Aurélie Laflamme, il y a plus d’une dizaine d’années. Ces réflexions ont toujours trotté dans la tête de l’écrivaine. Suite à la lecture d’une publication Instagram qui comparaît les amours de Carrie, India a choisi de mettre ses pensées noir sur blanc et de les soutenir d’une recherche scientifique. Les notes dans le livre sont multiples. Elles ont été produites à partir d’une démarche de recherche méthodique qui a porté l’autrice à se questionner sur le monde des relations toxiques, télévisées ou non. 

L’essai est une enquête. L’écrivaine mène comme une recherche académique pour répondre à sa curiosité : « J’avais envie de faire un essai où je partais du même point que tout le monde, avec toutes les impressions et les opinions que j’allais décortiquer, au risque de me tromper. Ce que j’ai découvert était finalement nuancé. Certaines choses ont été confirmées et d’autres, j’étais surprise qu’elles n’aient pas été comment je le pensais ».

L’importance de la critique

Dans l’essai, il y a une place spéciale pour l’analyse de la « liberté de création ». La critique menée ne veut pas mettre en négatif la création d’autrui. Au contraire, India aime tous les films et toutes les séries qui sont citées. L’idée est de prendre des extraits de films aujourd’hui devenus cultes pour en faire une analyse qui va au-delà de l’œuvre. « Je pense que la critique peut amener un changement dans la façon dont on raconte les histoires. Par exemple, on peut noter le manque de diversité dans les productions. Les gens ne sont pas obligés de faire ce qu’on dit, mais à force de critiquer, peut être qu’il va y avoir un changement. » 

Selon India, il ne faut pas faire une critique de la manière dont les choses sont écrites. Dans notre façon de raconter une histoire, il faut parler des aspects sociaux importants. Les personnages féminins et leurs histoires amoureuses n’ont pas vraiment subi de gros changements dans les dernières années, elles nécessitent encore des critiques pour mettre en évidence les pas en avant qui devraient être faits. « Quand on parle des aspects sociaux, les gens vont toujours nous ramener la liberté de création. Personne ne va en parler quand il est question des aspects techniques. Pourquoi les aspects sociaux ne pourraient-ils pas faire partie de la critique ? »

Un passé qui revient

L’essai est basé sur une œuvre du passé, mais les temps n’ont pas énormément changé. Le choix d’une histoire datée a été le moyen de présenter ses considérations à travers une série que l’autrice aime bien et dont les personnages lui sont très familiers.

Le livre devient un guide de lecture pour les jeunes femmes (mais, pourquoi pas… aussi pour les jeunes hommes) sur la manière de discerner les caractères toxiques d’une relation amoureuse au petit comme au grand écran. Sans nécessairement devoir se détacher des productions qu’on aime.

L’imaginaire de Sex and the City est analysé avec l’œil d’une fan de la série qui redécouvre les aspects cachés d’une vie romantique pas si hors du commun. L’idéal romantique de beaucoup de personnes est une histoire d’amour turbulente, brise-cœur et qui nous donne des nuits d’insomnie. Mais pourquoi cet idéal est-il le plus répandu? India Desjardins nous propose une réponse analysant comment l’imaginaire qui nous est présenté à l’écran est toujours avec une toxicité idéalisée, qui ne nous fait pas toujours du bien…


Ne manquez pas l’entrevue réalisée avec India Desjardins qui paraîtra dans les prochaines semaines sur https://www.refletdesociete.com/.

Si vous avez envie d’une autre critique littéraire :

Pour lire plus d’articles d’Arianna Noera :

Version anglaise sur The Social Eyes

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