Anglophones : l’accès aux services

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Même si les anglophones des Cantons-de-l’Est se plaignent souvent de leur manque d’accès aux services, une fonctionnaire de carrière ayant travaillé dans la région pendant des décennies assure que ça n’a pas toujours été le cas.

Traduction de l’anglais : Simon-Claude Gingras

« Toutes proportions gardées, les anglophones des Cantons-de-l’Est disposent de plus de services que les francophones », fait remarquer Louise Gagné, retraitée d’Immigration-Québec ayant travaillé longtemps à ses bureaux estriens.

Les anglophones bénéficient en quelque sorte des vestiges structuraux régissant les services sociaux qui prévalaient dans les années 50 et 60, lorsqu’ils constituaient à peu près la moitié de la population des centres urbains des Cantons-de-l’Est. Depuis 1976, observe-t-elle, plusieurs de ces anglophones ont quitté les Cantons, « ce qui est normal, puisqu’ils ont perdu leur statut privilégié » à mesure que la société québécoise changeait. Mais la structure de certains services sociaux est demeurée intacte.

Il s’est toujours trouvé des poches d’anglophones pauvres, dès les années 50 et 60, se rappelle-t-elle. « On voyait beaucoup de misère dans certains villages, dit-elle. Les enfants n’allaient pas à l’école. Nous devions nous déplacer dans les maisons pour les faire vacciner. »

Ce qui a changé la donne, dit Louise Gagné, est l’instauration du transport d’écoliers par autobus scolaires en 1964 et 1965. Avec la fréquentation de l’école obligatoire, les élèves pouvaient enfin se rendre dans un établissement scolaire, ce qui leur a permis de participer davantage à l’ensemble de la société.

Immigration illégale

Durant de nombreuses années, étonnamment, la population immigrante la plus imposante des Cantons-de-l’Est était américaine, rappelle Louise Gagné. « Ils travaillaient au noir, cachés dans la forêt, relate-t-elle. Leurs enfants faisaient l’école à la maison, et ils n’apprenaient donc pas le français. Ils ne socialisaient pas avec des jeunes de leur âge. Ils se trouvaient complètement marginalisés ». Les enfants poursuivaient ensuite leurs études au cégep anglophone Champlain.

Dans les années 90, plusieurs d’entre eux sont sortis de l’ombre et se sont enregistrés. Dès lors, Loi 101 oblige, leurs enfants ont dû fréquenter l’école française, sans pourtant y avoir été préparés. « Ils avaient fait leur programme primaire sur un coin de table, explique Louise Gagné. Arrivés au secondaire, ils ne réussissaient malheureusement pas à s’adapter ».

Louise Gagné a ainsi participé à l’organisation de cours de conversation pour aider les immigrants à réussir leurs examens d’entrée à l’Université Bishop, tant au niveau collégial qu’universitaire. « En trois semaines, les étudiants parvenaient à réussir leur examen oral, dit-elle. Si on n’apprend pas le français, on ne peut pas pleinement participer à la société québécoise. C’est dommage. »


Pour en lire plus au sujet des anglophones de l’Estrie et des Cantons-de-l’Est :

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