B-boy en apesanteur

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Portrait : Checho – Sergio Carvajal

Par Équipe Reflet de Société | Dossier Culture

B-boy en apesanteur

Checho entre en scène à l’envers, les mains plantées au sol, les jambes lancées vers le ciel. Sa manière de défier la gravité capte d’emblée l’attention. Danseur chilien de la troupe internationale ILL-Abilities, il a captivé le public de la Maison de la culture Maisonneuve lors du spectacle Pas d’Excuses, Pas de Limites, présenté dans le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées. Un corps hors norme, un langage chorégraphique à part, et une détermination qui laisse une empreinte durable.

À cinq ans, Checho a un rêve étrange : marcher sur les mains. Pas jouer au ballon, pas voler comme un oiseau. Non. Marcher sur les paumes, inverser la gravité. Ce jeu d’enfant devient rapidement une métaphore de vie. En apprenant à tenir à l’envers, il apprend à se redresser autrement.

Originaire d’un quartier difficile du Chili, il grandit dans un environnement où l’ouverture d’esprit est un luxe. Là où la différence se paie cher, lui, avec sa petite taille, est la cible idéale. L’intimidation est quotidienne, les moqueries banales. Il raconte : « J’ai grandi entouré de gens fermés d’esprit. J’étais souvent humilié, je me sentais inférieur. »

Mais il y a une voix qui résiste. Celle de sa mère. Son héroïne. Celle qui, à chaque chute, lui disait doucement : « Essaie. Essaie encore. Tu trouveras un moyen. »

Main après main, pas à pas

Marcher sur les mains devient une forme de réponse, un cri muet adressé à ceux qui doutaient de lui. C’est dans ce renversement du corps qu’il découvre peu à peu le hip-hop, puis le break. Pas besoin d’avoir les jambes longues ou les bras standards. Il suffit d’avoir la volonté, le feu, l’envie d’y croire.

Le break devient son refuge, puis son tremplin. Malgré les critiques, il s’entraîne, affine son style, se forge un nom. Très vite, il devient l’un des premiers b-boys chiliens à voyager à l’international. Il se produit dans des battles, rejoint des crews, traverse les continents avec une mission : montrer que chaque corps peut danser. Que chaque rêve peut porter.

Une singularité dans le mouvement

Ce qui rend Checho unique, c’est cette manière de bouger ultra-physique, mais toujours contrôlée. Son centre de gravité, plus bas que celui des autres, lui donne une explosivité particulière. Son gabarit devient un avantage, une arme artistique.

Et, il semble incarner ce que le hip-hop a de plus pur : la transformation de la marge en style, du rejet en puissance.

Leçon de désobéissance 

Checho n’est pas un héros malgré lui. Il ne cherche pas à inspirer à tout prix. Mais il devient, malgré tout, un modèle. Parce qu’il refuse les cases. Parce qu’il prouve qu’on peut danser sans ressembler aux autres. Parce qu’il prend sa place dans un monde qui ne la lui offrait pas spontanément.

Dans un contexte encore trop normatif où les personnes handicapées sont souvent représentées comme des « modèles de courage » ou des « miracles de volonté », Checho rappelle une chose essentielle : il n’a pas à prouver sa valeur. Il danse parce que c’est sa vie. 


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